2.3. Les trois cas récurrents d’information et de consultation du CSE

Documentées grâce aux informations transmises par l’employeur par notes et sur la base de données (BDES), les consultations récurrentes (périodicités fixées par accord collectif, ou à défaut une fois par an) sont organisées en 3 thématiques : les orientations stratégiques ; la situation économique et financière ; la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi.

2.3.1. L’information/consultation organisée par accord majoritaire

Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, les consultations du CSE doivent être organisées autour de 3 grandes consultations récurrentes concernant respectivement (art. L. 2312-17 C. trav.) : 

  • les orientations stratégiques de l’entreprise ; 
  • la situation économique et financière de l’entreprise ;
  • la politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi.

Comme les délais de consultations vus précédemment, il est possible par accord de fixer les modalités d’information/consultation du CSE soit par un accord majoritaire conclu selon les modalités prévues à l’article L. 2312-19 du Code du travail.

Cet accord d’entreprise peut définir tous les points relatifs aux 3 consultations annuelles : 

  • le contenu, la périodicité (qui ne peut être supérieure à 3 ans) et les modalités des trois consultations récurrentes du CSE ; 
  • la liste et le contenu des informations nécessaires à ces trois consultations ;
  • le nombre de réunions annuelles du CSE, qui ne peut être inférieur à 6 ;
  • si l’entreprise a un CSE central et des CSE d’établissement, les niveaux auxquels les consultations sont conduites et leur articulation ;
  • les délais dans lesquels les avis du CSE sont rendus ;
  • la possibilité pour le CSE d’émettre un avis unique portant sur tout ou partie des thèmes des trois consultations.

Conseil CFTC : se poser les bonnes questions 

Si vous négociez les modalités d’informations récurrentes dans un accord, il faut être vigilant et prévoyant, l’entreprise n’est pas une image figée. Il faut se poser les bonnes questions. Par exemple peut-on raisonnablement affirmer que l’on n’aura pas besoin de faire un point sur la situation financière et stratégique de l’entreprise pendant 3 ans ? En l’absence d’accord les trois consultations ont lieu chaque année.
Prévoir uniquement 6 réunions par an est-il suffisant au regard dans l’ensemble des missions du CSE ? 

2.3.2. Les règles applicables aux trois consultations à défaut d’accord : les dispositions supplétives

À défaut d’accord, les 3 consultations ont lieu chaque année (art. L. 2312-22 C. trav.).
Si l’entreprise a un CSE central et des CSE d’établissement, les consultations sur les orientations stratégiques et sur la situation économique et financière ont lieu au niveau du CSE central.
La consultation sur la politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi a lieu au niveau du CSE central et aussi au niveau des CSE d’établissement pour les points spécifiques à ces établissements. 

 

Règles applicables à la consultation annuelle sur les orientations stratégiques 

Le CSE est consulté sur les orientations stratégiques de l’entreprise et sur leurs conséquences sur :

  • l’activité ;
  • l’emploi ;
  • l’évolution des métiers et des compétences ;
  • la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ;
  • les orientations de la formation professionnelle ;
  • l’organisation du travail ;
  • le recours à la sous-traitance, à l’intérim, à des contrats temporaires et à des stages.

Le CSE émet un avis sur les orientations stratégiques de l’entreprise et peut proposer des orientations alternatives. Cet avis est transmis à l’organe chargé de l’administration ou de la surveillance de l’entreprise, qui formule une réponse argumentée. Le CSE en reçoit communication et peut y répondre (art. L. 2312-24 C. trav.).

À noter

En vue de la consultation sur les orientations stratégiques de l’entreprise, le CSE peut recourir à une expertise prise en charge par l’employeur à hauteur de 80 %. Les 20 % restants sont à la charge du CSE.

Comment préparer cette consultation ?

Préparer une consultation sur les orientations stratégiques, c’est avant tout faire un bilan sur la stratégie des 3 années écoulées pour questionner l’avenir.
En tant qu’élu, vous devrez questionner les hypothèses à l’origine de ces orientations, leur déclinaison sur l’activité et les résultats attendus sur les 3 années à venir.
Vous pourrez ainsi être en mesure d’évaluer les effets de ces orientations stratégiques sur l’emploi et la compétence des salariés.
Lors de la première réunion de consultation, vous serez amené à poser des questions à la direction, même si vous avez déjà, grâce à vos travaux préparatoires, aux documents fournis par la direction pour cette réunion, et à des éléments présents dans la BDESE, une partie des réponses. Il s‘agira alors de confronter vos éléments d’analyse avec ceux de la direction.

A quel moment a lieu cette consultation et sous quelle forme ?

Chaque entreprise a un rythme économique et social qui lui est propre. Le meilleur moment pour assurer cette consultation est celui où les informations nécessaires pour analyser la stratégie sont disponibles. D’une manière générale cette consultation a lieu en fin d’année ou au tout début de l’année suivante quand le budget et le chiffre d’affaires de l’exercice comptable sont finalisés ou en cours de finalisation.

Combien de réunions sont nécessaires pour assurer cette consultation ?

Il n’y a pas de nombre de réunions minimum prévu par la loi pour assurer cette consultation obligatoire. Le but est de permettre au CSE de pouvoir rendre un avis motivé et éclairé.
Pour cela vous devez avoir obtenu les documents nécessaires à l’analyse de la situation de l’entreprise suffisamment en amont pour préparer la consultation et pouvoir, au moment de la réunion, poser les questions à l’employeur qui devra vous apporter des éléments de réponse.
Attention ! Si vous décidez de recourir à une expertise, vous devez avoir le temps de la réaliser.
Il faudra prévoir a minima 2 ou 3 réunions :
• une réunion de présentation de la stratégie par la direction suivie d’une série de questions et d’échanges avec les élus du CSE ;
• si la direction n’est pas en mesure de répondre à toutes les questions lors de cette réunion, une autre pourra être prévue pour continuer les échanges et aussi faire vos propositions à la direction ;
• une ultime réunion sera dédiée à la présentation de votre avis motivé.

Cette consultation doit-elle avoir lieu tous les ans, même si la stratégie est pluriannuelle ?

Cette consultation doit effectivement avoir lieu tous les ans, sauf si vous avez par accord modifié la récurrence des consultations.
Étudier la stratégie chaque année permet de suivre sa mise en œuvre mais aussi d’analyser l’impact d’un changement de contexte qui pourrait nécessiter de réajuster la stratégie.

Focus : Les différentes étapes d’une consultation sur les orientations stratégiques réussie

Première étape :
Questionner sur le devenir de l’entreprise à moyen terme en retraçant l’historique et en identifiant les transformations réalisées et celles à venir pour obtenir idéalement une projection sur 3 ans.

Analyser l’environnement extérieur de l’entreprise : comprendre les positionnements concurrentiels ainsi que les évolutions sectorielles et conjoncturelles liées à l’activité de l’entreprise.

Analyser l’environnement interne : situer l’entreprise dans le groupe.

L’objectif de ces questionnements est de repérer les forces et les faiblesses, ainsi que les éventuelles menaces quant à la pérennité de l’entreprise et des emplois.

Quels moyens pour réaliser cette analyse ?
Le CSE doit disposer d’informations lui permettant d’effectuer cette analyse. Un certain nombre d’informations figurent dans la BDESE. Si celle-ci est incomplète et non à jour, vous pouvez demander à la direction de fournir les documents et les éléments d’informations complémentaires nécessaires.
L’analyse de la stratégie étant un exercice de prospective, vous pouvez également demander à l’employeur de vous fournir des projections et des tendances.
L’employeur ne peut invoquer la confidentialité globale pour refuser de communiquer les informations sur l’activité et les résultats de l‘entreprise. La confidentialité doit être adaptée et motivée.
Le CSE peut solliciter l’assistance d’un expert-comptable pour approfondir la compréhension des enjeux. L’expert-comptable étant lui-même soumis à une obligation de confidentialité, l’employeur ne peut pas refuser de lui communiquer les documents qu’il estime nécessaires à son expertise.

Deuxième étape :
Identifier les prévisions financières à l’origine des orientations stratégiques sur les 3 prochaines années.
Quels sont les moyens financiers pour y parvenir ? les investissements nécessaires, les ressources disponibles ?
Quel est l’impact environnemental de cette stratégie ?

Troisième étape :
Mettre en corrélation la stratégie de l’entreprise avec les ressources humaines
Quels seront les impacts de la stratégie sur le nombre de salariés ? Sera-t-il nécessaire d’embaucher, de restructurer, de diminuer les effectifs ?
Quelles sont les compétences attendues pour mener à bien cette stratégie ? Quelles sont les compétences qui ne seront plus nécessaires ou seront amenées à évoluer ?

Quels seront les besoins en formation ?
II s’agira d’identifier les métiers en tension et ceux en devenir au sein de l’entreprise.

Pour finir, analyser l’impact de la stratégie sur les emplois et les compétences, et les conséquences environnementales

De l’analyse de la stratégie de l’entreprise découlera un certain nombre de conséquences sur les emplois de l’entreprise, mais également sur d’autres thématiques comme la formation. Les objectifs de la consultation consistent à anticiper les transformations de l’entreprise et de mesurer les incidences sociales sur les salariés.
La stratégie étant pluriannuelle, les conséquences aussi seront à évaluer selon un plan pluriannuel.
Si une évolution de l’activité est à prévoir, il faudra définir les compétences nécessaires pour la mener à bien. Faudra-t-il former les salariés à ces nouvelles compétences ? Les ressources humaines seront-elles suffisantes ? Faudra-t-il recruter, ou au contraire restructurer avec un risque de suppressions d’emplois ?
L’anticipation des restructurations peut aider à éviter la mise en œuvre ultérieure d’un plan de sauvegarde de l’emploi ou en diminuer l’impact sur les emplois.
Une fois que les conséquences sur l’emploi seront analysées (nécessité de recrutement, restructuration, changement d’activité…), il sera possible de déterminer si le plan de formation doit être ajusté, réévalué, et si une négociation d’un accord de GEPP doit être ouverte. Cette négociation peut comprendre des mesures de reconversion, de formations, de reclassement ou de mobilité.

Les règles applicables à la consultation annuelle sur la situation économique et financière

Cette consultation annuelle porte sur (art. L. 2312-25 C. trav.) :
• la situation économique et financière de l’entreprise ;
• la politique de recherche et de développement technologique de l’entreprise ;
• l’utilisation du crédit d’impôt pour les dépenses de recherche ;
• l’utilisation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).

En vue de cette consultation, l’employeur met à la disposition du CSE par note d’information et sur la base de données :
• les informations sur l’activité et sur la situation économique et financière de l’entreprise ainsi que sur ses perspectives pour l’année à venir ;
• pour toutes les sociétés commerciales, les documents obligatoirement transmis annuellement à l’assemblée générale des actionnaires ou à l’assemblée des associés, notamment les comptes annuels, le rapport de gestion, ainsi que le rapport des commissaires aux comptes. Le CSE peut convoquer les commissaires aux comptes pour recevoir leurs explications sur les différents postes des documents communiqués ainsi que sur la situation financière de l’entreprise ;
• pour les entreprises ne revêtant pas la forme de société commerciale (association par exemple), les documents comptables qu’elles établissent.

Focus : Comprendre la situation économique et financière de l’entreprise

Le CSE doit être en mesure de comprendre les informations économiques et financières de l’entreprise afin de questionner la direction sur la santé financière, les performances des activités, les investissements réalisés, les projets de développement envisagés et la pérennité de l’entreprise.
Le CSE doit s’assurer que l’entreprise dispose des moyens financiers pour garantir son avenir, préserver et améliorer l’emploi.
Pour cela, vous devez utiliser les informations à disposition dans la BDESE, informations qui vous permettront d’analyser les performances opérationnelles sur les 3 dernières années et l’année en cours.

Vous devez également situer l’entreprise dans son secteur d’activité et comprendre son positionnement vis-à-vis des entreprises concurrentes.
Au-delà de la santé financière, il s’agira aussi de vérifier que la répartition des résultats de l’entreprise entre actionnaires, investissements et salariés est équilibrée.

À noter

En vue de la consultation sur la situation économique et financière de l’entreprise, le CSE peut recourir à une expertise prise en charge à 100 % par l’employeur.

L’expert-comptable exerce sa mission dans les conditions fixées par les articles
L. 2315-89 et L. 2315-90 du Code du travail. Recourir à un expert vous permettra de disposer d’une analyse et d’un rapport pédagogique sur la situation de l‘entreprise. De plus, il a accès à des documents et informations plus détaillées que celles de la BDESE puisqu’il dispose des mêmes droits d’accès qu’un commissaire aux comptes.

 

Les règles applicables à la consultation annuelle sur la politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi

Objet de la consultation :
Cette consultation annuelle porte sur (art. L. 2312-26 C. trav.) :
• l’évolution de l’emploi ;
• les qualifications ;
• le programme pluriannuel de formation ;
• les actions de formation ;
• l’apprentissage ;
• les conditions d’accueil en stage ;
• les actions de prévention en matière de santé et de sécurité ;
• les conditions de travail ;
• les congés et l’aménagement du temps de travail ;
• la durée du travail ;
• l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;

• les modalités d’exercice du droit d’expression des salariés dans les entreprises non couvertes par un accord sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail contenant des dispositions sur ce droit.
Le CSE peut se prononcer par un avis unique portant sur l’ensemble de ces thèmes, ou par des avis séparés sur un ou plusieurs de ces thèmes.

Les informations mises à disposition :
En vue de cette consultation, l’employeur met à la disposition du CSE par note d’information et sur la base de données :
• les informations sur l’évolution de l’emploi, des qualifications, de la formation et des salaires, sur les actions en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés, sur le nombre et les conditions d’accueil des stagiaires, sur l’apprentissage et sur le recours aux contrats de travail à durée déterminée, aux contrats de mission conclus avec une entreprise de travail temporaire ou aux contrats conclus avec une entreprise de portage salarial ;
• les informations et les indicateurs chiffrés sur la situation comparée des femmes et des hommes au sein de l’entreprise, ainsi que l’accord ou, à défaut, le plan d’action en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
• le diagnostic et l’analyse de la situation respective des femmes et des hommes pour chacune des catégories professionnelles de l’entreprise dans les domaines suivants :
– embauche ;
– formation ;
– promotion professionnelle ;
– qualification ;
– classification ;
– conditions de travail ;
– sécurité et santé au travail ;
– rémunération effective ;
– articulation entre l’activité professionnelle et la vie personnelle ;
– analyse des écarts de salaires et de déroulement de carrière en fonction de l’âge, de la qualification et de l’ancienneté ;
– évolution des taux de promotion respectifs des femmes et des hommes par métiers dans l’entreprise ;
• les informations sur le plan de formation ;
• les informations sur la mise en œuvre des contrats et des périodes de professionnalisation et du compte personnel de formation ;
• les informations sur la durée du travail, portant sur les heures supplémentaires accomplies dans la limite et au-delà du contingent annuel applicable dans l’entreprise ; à défaut de détermination du contingent annuel d’heures supplémentaires par voie conventionnelle, les modalités de son utilisation et de son éventuel dépassement ;
• les informations sur les mesures prises en vue de faciliter l’emploi des accidentés du travail, des invalides de guerre et assimilés, des invalides civils et des travailleurs handicapés, notamment celles relatives à l’application de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés ;
• les informations sur l’affectation de la contribution sur les salaires au titre de l’effort de construction ainsi que sur les conditions de logement des travailleurs étrangers que l’entreprise se propose de recruter ;
• les informations sur les modalités d’exercice du droit d’expression des salariés ;
• un rapport annuel faisant le bilan de la situation générale de la santé, de la sécurité et des conditions de travail dans l’entreprise et des actions menées au cours de l’année écoulée dans ces domaines. Les questions du travail de nuit et de prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels sont traitées spécifiquement ;
• un programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail. Ce programme fixe la liste détaillée des mesures devant être prises au cours de l’année à venir, qui comprennent la prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels, ainsi que, pour chaque mesure, ses conditions d’exécution et l’estimation de son coût. Lorsque certaines des mesures prévues n’ont pas été prises, l’employeur énonce les motifs de cette inexécution ;
• le procès-verbal de la réunion du CSE consacrée à l’examen du rapport et du programme est joint à toute demande présentée par l’employeur en vue d’obtenir des marchés publics, des participations publiques, des subventions, des primes de toute nature ou des avantages sociaux ou fiscaux (art. L. 2312-27 C. trav.).

À noter

L’expertise déclenchée dans le cadre de la consultation sur la politique sociale est prise en charge à 100% par l’employeur.
La Cour de cassation (arrêt du 28 juin 2023), dans une décision rendue à propos de la consultation sur la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi, considère qu’il résulte des dispositions des articles L. 2315-82 et L. 2315-83 du Code du travail que si l’expert-comptable, désigné par le CSE, estime que l’audition de certains salariés de l’entreprise est utile à l’accomplissement de sa mission, alors il ne peut y procéder qu’à la condition d’obtenir l’accord exprès de l’employeur et des salariés concernés.

Focus : La consultation sur la politique sociale : quels enjeux ?

La consultation sur la politique sociale est la plus concrète car elle touche directement le quotidien de l’ensemble des salariés. Son impact est bien visible puisqu’elle aborde les thématiques des salaires, des promotions, des changements de poste, du temps de travail, de la formation, de l’égalité femmes-hommes, et bien d’autres. La difficulté de cette consultation est qu’elle touche à de nombreuses thématiques qui méritent chacune un examen approfondi. Il est souhaitable de prévoir plusieurs réunions pour assurer cette consultation au regard des nombreux sujets abordés.
Celle-ci vous permettra notamment d’analyser les raisons du turnover, de l’absentéisme, l’évolution des salaires, les besoins de formations, l’adaptation aux postes, les difficultés de recrutement (l’entreprise est-elle attractive pour les salariés ?).
Une bonne politique sociale attractive et dynamique doit permettre :
• d’améliorer les conditions de travail ;
• d’embaucher plus facilement ;
• de constater le nombre de salariés non formés et donc de limiter le départ de salariés peu ou pas formés et maintenir l’adaptabilité du salarié à son poste de travail ;
• de limiter les fluctuations de personnel (parfois les entreprises veulent du turnover car l’évolution des salaires est très faible) ;
• d’avoir une grille salariale attractive.

2.3.3. Le recours à l’expertise

Le recours aux experts constitue un moyen essentiel pour le CSE d’exercer pleinement ses attributions et donner ainsi un avis éclairé, compte tenu de la complexité des informations qui lui sont soumises. Nous ne saurions trop vous conseiller d’y avoir recours.

Les missions de l’expert-comptable

Elles portent sur tous les éléments d’ordre économique, financier, social ou environnemental nécessaires à la compréhension des comptes et à l’appréciation de la situation de l’entreprise.
Par exemple, dans les entreprises d’au moins 300 salariés, le CSE peut décider de recourir à un expert technique de son choix en vue de préparer la négociation sur l’égalité professionnelle (art. L. 2315-95 C. trav.).
À compter de la désignation de l’expert par le CSE, les membres du comité établissent au besoin et notifient à l’employeur un cahier des charges. L’expert notifie à l’employeur le coût prévisionnel, l’étendue et la durée d’expertise, dans un délai fixé par décret en Conseil d’État (art. L. 2315-81-1 C. trav.).
En pratique, la mission de l’expert s’achève par la présentation de son rapport. Un accord entre l’employeur et le CSE ou, à défaut, un décret (à l’article R. 2315-47 du Code du travail) fixe le délai dans lequel l’expert-comptable doit remettre son rapport. Le délai imparti à l’expert par l’accord doit être raisonnable.
Il doit également tenir compte du délai dont dispose le CSE pour rendre son avis dans le cadre de la consultation en cause.
Il est conseillé d’organiser une réunion préparatoire avec l’expert, avant la présentation du rapport définitif en séance plénière avec l’employeur, pour qu’il vous expose les points essentiels de son rapport et que vous puissiez, s’il y a lieu, obtenir des informations complémentaires. Le rapport établi par l’expert-comptable appartient au seul comité.

 

Comment et quand choisir l’expert-comptable ?

C’est au comité de le choisir et il a toute liberté pour le faire. Il doit cependant le choisir parmi les experts inscrits au tableau de l’Ordre des experts-comptables.

Conseil CFTC

Mandatez l’expert-comptable sur les consultations prévues, sans nécessairement attendre l’ouverture des négociations car vous allez devoir débattre dans un temps très court d’un nombre important de sujets. Il est donc impératif de le désigner au plus tôt pour vous permettre de vous prononcer dans les délais de consultation qui vous sont impartis.

Comment formaliser le recours à un expert-comptable ?

Le CSE peut, le cas échéant, sur proposition des commissions constituées en son sein, décider de recourir à un expert-comptable ou à un expert habilité dans certains cas.
Un accord d’entreprise, ou à défaut un accord conclu entre l’employeur et le CSE, adopté à la majorité des membres titulaires élus de la délégation du personnel, détermine le nombre d’expertises dans le cadre des consultations récurrentes sur une ou plusieurs années.
En pratique, la décision de recourir à un expert doit résulter d’une délibération du CSE : cette question doit donc avoir été portée à l’ordre du jour de la réunion où elle est adoptée.

Quels sont les moyens de l’expert-comptable?

L’employeur fournit à l’expert les informations nécessaires à l’exercice de sa mission (art. L. 2315-83 C. trav.) et ne peut opposer le caractère confidentiel des documents demandés.
Les experts sont soumis aux obligations de secret et de discrétion.
Il ne peut pas contrôler l’utilité concrète des documents que l’expert demande. Le juge peut toutefois sanctionner les abus de droit caractérisés.
Pour opérer toute vérification ou tout contrôle entrant dans l’exercice de ses missions, l’expert-comptable a accès aux mêmes documents que le commissaire aux comptes de l’entreprise (art. L. 2315-90 C. trav.).
De même, lorsqu’il est saisi dans le cadre d’une opération de recherche de repreneurs, l’expert a accès aux documents de toutes les sociétés intéressées par l’opération.
Il peut participer aux réunions du CSE consacrées aux questions relevant de sa mission de même qu’aux réunions préparatoires du CSE.
Si l’expert rencontre des difficultés pour obtenir les éléments d’information nécessaires à la réalisation de sa mission, le CSE peut, s’il estime ne pas disposer d’éléments suffisants, saisir le président du tribunal judiciaire statuant en la forme des référés, pour qu’il ordonne la communication par l’employeur des éléments manquants. Le juge statue dans un délai de 8 jours.
Cette saisine n’a pas pour effet de prolonger le délai dont dispose le comité pour rendre son avis. Toutefois, en cas de difficultés particulières d’accès aux informations nécessaires à la formulation de l’avis motivé du comité, le juge peut décider la prolongation du délai prévu au deuxième alinéa. Une action pour délit d’entrave au fonctionnement régulier du CSE est également possible.

Focus : Règles complémentaires pour les entreprises d’au moins 300 salariés : le bilan social

Le seuil de 300 salariés est franchi lorsque l’effectif de l’entreprise dépasse ce seuil pendant 12 mois consécutifs. L’employeur dispose d’un délai d’un an, à compter du franchissement de ce seuil, pour se conformer aux obligations d’information et de consultation du CSE qui en découlent (art. L. 2312-34 C. trav.).
La consultation sur la politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi porte également sur le bilan social de l’entreprise (art. L. 2312-28 C. trav.).
Les données relatives au bilan social sont mises à disposition sur la base de données.
Lorsque l’entreprise comprend plusieurs établissements, le CSE d’établissement est consulté sur le bilan social particulier à chaque établissement dont l’effectif est d’au moins 300 salariés.
Lorsque l’effectif de l’entreprise ou de l’établissement atteint le seuil de 300 salariés, le premier bilan social de l’entreprise ou de l’établissement porte sur l’année suivant celle au cours de laquelle le seuil a été atteint. Le premier bilan social peut ne concerner que l’année écoulée. Le deuxième bilan peut ne concerner que les deux dernières années écoulées. Lorsque l’effectif de l’entreprise ou de l’établissement devient inférieur au seuil d’assujettissement de 300 salariés, un bilan social est néanmoins présenté pour l’année en cours (art. L. 2312-29 C. trav.).
Le bilan social récapitule les principales données chiffrées permettant d’apprécier la situation de l’entreprise dans le domaine social, d’enregistrer les réalisations effectuées et de mesurer les changements intervenus au cours de l’année écoulée et des deux années précédentes. Il comporte des informations sur l’emploi, les rémunérations et charges accessoires, les conditions de santé et de sécurité, les autres conditions de travail, la formation, les relations professionnelles, le nombre de salariés détachés et le nombre de travailleurs détachés accueillis ainsi que sur les conditions de vie des salariés et de leurs familles dans la mesure où ces conditions dépendent de l’entreprise (art. L. 2312-30 C. trav.).
Les informations du bilan social sont mises à la disposition de tout salarié qui en fait la demande (art. L. 2312-31 C. trav.).

• Missions et attributions dans les entreprises de moins de 50 salariés : art. L. 2312-5 à -7 et L. 2315-21 à 22 C. trav.
• Attributions générales dans les entreprises de plus de 50 salariés : art. L. 2312-8 à -16 C. trav.
• Consultations et informations récurrentes : art. L. 2312-17 à -36 C. trav.
• Consultations et informations ponctuelles : art. L. 2312-37 à -58 C. trav.
• Droit d’alerte entreprise de plus de 50 salariés : art. L. 2312-59 à 71 C. trav.
• Participation au conseil d’administration : art. L. 2312-72 à -77 C. trav.

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